Au nord de l’île de Bornéo, le grand Etat malaisien reste un paradis écotouristique à explorer. Un monde à part ou nombre de tribus ont préservé leur mode de vie et dont les immenses forêts abritent une flore et une faune incomparables.
Sur la mappemonde, c’est une tache en forme de croissant déployée dans le nord-ouest de la mythique Bornéo. A la loupe, ce sont près de 125 000 kilomètres carrés – un quart de l’Hexagone- recouverts de forêts primaires. Bienvenue au Sarawak, poumon vert de l’Asie du Sud-Est. Bordé par la mer de Chine méridionale, le plus grand Etat malaisien reste un éden préservé avec son littoral parsemé de mangroves ou macaques et nasiques évoluent en liberté, son immense jungle sillonnée de fleuves majestueux, ses réserves naturelles riches d’une faune et d’une flore exceptionnelles. Même si, paradis terrestre oblige, le “pays des calaos” ( oiseaux) se mérite.
Kuching, la capitale, n’est en effet desservie par vol international direct que depuis Singapour et représente souvent pour les tour-opérateurs couvrant la Malaisie, un circuit “extension” proposé en complément de l’Etat voisin de Sabah et de la péninsule.
Tous les atouts sont pourtant réunis pour faire du Sarawak une destination à part entière. La Française Amélie Blanc Ningkan, 30 ans, installée depuis six ans à Kuching, en sait quelque chose. Mariée à Christopher, de la tribu des Iban, elle a cofondé Bornéo à la carte, une plate-forme de circuits sur mesure destinée aux adeptes de l’écotourisme : ” L’Etat compte une vingtaine de parcs nationaux, des randonnées sauvages qui ne demandent qu’à être développées et de nombreuses tribus traditionnelles qui permettent des rencontres authentiques. Le potentiel est énorme.”
La visibilité de la région, mise à l’honneur cette année par l’Office du tourisme de Malaisie, devrait s’accroître. Il serait même question d’une future ligne aérienne reliant Bangkok et Kuching…De quoi valoriser une terre qui, il y a plus de 150 ans, déjà, charmait les visiteurs.
Si son nom exotique invite au rêve, son histoire revêt des allures de saga victorienne. L’entité du Sarawak se forge en 1839, quand James Brooke, un navigateur anglais, jette l’ancre sur le fief des coupeurs de tête dayak et des pirates en tout genre. Le dandy aventurier se met au service du sultan de Brunei, qui contrôle alors ( difficilement) le territoire, et parvient à rétablir l’ordre en prônant le respect des autochtones.
Deux ans plus tard, le romanesque visionnaires reçoit en récompense le titre de gouverneur de la région de Kuching. C’est le début d’une étonnante dynastie, celle des Rajahs blancs, et d’un royaume que Brooke – qui servira plus tard de modèle au de Lord Jim de Joseph Conrad- et ses successeurs vont pacifier et enrichir pendant plus d’un siècle.
Après l’invasion nippone de 1942, le Sarawak est finalement cédé à la Couronne britannique au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, avant de rejoindre, en 1963 la Fédération de Malaisie.
Aujourd’hui encore, il reste un monde à part. Car, plus que la distance, c’est la diversité de leur population qui sépare les Malaisiens de Bornéo des Péninsulaires à forte dominante islamique. Les 2,6 millions de Sarawakiens, eux, cohabitent harmonieusement, qu’ils soient malais, musulmans, chinois taoïstes ou membres de la vingtaine de groupes ethniques ( Iban, Melanau, Bidayuh…) pratiquant un catholicisme teinté d’animisme. Certains habitent toujours les longhouses de leurs ancêtres, ces maisons communautaires sur pilotis disséminées dans la jungle, et partir à leur rencontre constitue l’un des moments forts du voyage. Suivez le guide…
Par Letizia Dannery, L’express, 28 octobre 2015
LES SITES PHARES
Kuching La capitale se découvre à pied au fil des quartiers chinois, indien et colonial, peuplés de statues de chat, la mascotte locale qui a même son musée. En soirée, on déambule sur les rives du fleuve Sungai Sarawak ou brillent les lanternes des tambangs ( barques). Ne pas manquer le marché coloré du samedi, avec sa profusion d’épices et de fruits récoltés dans la jungle et le musée du Sarawak- le plus ancien de Bornéo-, consacré à l’histoire et à la culture des populations indigènes de l’île.
Parc national de Bako Sur une presqu’île bordée par la mer de Chine, un écrin de verdure avec ses plages paradisiaques, rivières et cascades ou les nasiques sont chez eux.
Village culturel de Sarawak (SCV) A Pantai Damai, Santubong, le “musée vivant” de 17 hectares, ou vivent 150 villageois, présente les activités et l’habitat traditionnels des principales ethnies. Ce superbe site accueille, au mois de juillet, le Rainforest World Music Festival.
Semmenggoh A 30 minutes de Kuching, le centre de réhabilitations des orangs-outans, qui vivent ici en semi-liberté.
Chez l’habitant Aller à la rencontre d’une tribu épargnée par la civilisation moderne, partager son quotidien et quelques verres de tuak ( vin de riz fermenté) au sein d’une longhouse se révèle une expérience inoubliable. Proposée par la plupart des agences, la maison longue des Bidayuh dans le village d’Ana Rais est une destination populaire ( éviter juillet et août9. Pour une équipée plus rare de 3 ou 4 jours, en groupe restreint, opter pour le Bantang Tour concocté en exclusivité par Bornéo à la carte, qui permet d’observer les crocodiles dans leur habitat naturel et de découvrir la cuture Iban.
Parc national du Gunung Mulu Inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, abritant une faune et une flore remarquables, le site est connu pour ses grottes calcaires, parmi les plus spectaculaires au monde.
Région de Sematan A deux heures de route de Kuching le port de pêche de Sematan est le point de départ pour gagner Telok Melano via une traversée de 40 minutes en bateau le long de la côte sauvage. Un site paradisiaque pour plonger, pêcher ou admirer plantes tropicales et oiseaux rares dans le parc national de Tanjung Datu.
Plateau de Bario Au bord de la frontière indonésienne, la région des Kelabits Highlands, accessibles en avion depuis Miri, offre de magnifiques points de vue et des treks à travers la jungle nécessitant un guide.
CARNET DE VOYAGE
Ou dormir
Batik Boutique Hotel Avec sa façade psychédélique, ses chambres design et son toit-terrasse, c’est l’hôtel cosy chic de Kuching
Nanga Shanti A 30 kilomètres de l’aéroport et accessible par bateau de Buntal, une toute nouvelle chambre d’hôtes ouverte par un couple de Français entre plage, jungle et montagne.
Salomavillagestay A une heure de Kuching, au coeur de la jungle, des chambres de charme dans un village bidayuh.
Ou se restaurer
TopSpot Food Court Des dizaines de tables en plein air, des étals comme s’il en pleuvait, pour une orgie de délicieux poissons et fruits de mer frais, Jalan Bukit Mata Kuching, Kuching.
Le Café Rouge Un nouveau lieu arty pour prendre le petit déjeuner snacker ou goûter entre un coin librairie et un espace artisanat. 3, Jalan Green Hill, Kuching.
En savoir plus
Pas d’ambassade ni d’Alliance française dans le Sarawak, qui compte une quarantaine d’expatriés français. Mais on peut joindre sur place la consule honoraire, Audry Wan Ullok (60)-16-86-00-800
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Les Rajahs blancs, par Gabrielle Wittkop. Ed.Verticales, 2009.